Mal entretenus, mal recensés, parfois même volés…L’état des défibrillateurs en France soulève de vives inquiétudes. Alors qu’ils sont essentiels pour sauver des vies, une grande partie du parc est aujourd’hui inutilisable ou inaccessible.
🚨 Un chiffre alarmant : jusqu’à 30 % des défibrillateurs défaillants.
La France compte plus de 500 000 défibrillateurs automatisés externes (DAE) installés sur son territoire. Pourtant, selon plusieurs études, 20 à 30 % de ces appareils présentent une défaillance ou ne sont plus opérationnels. Un constat qui inquiète, car en cas d’arrêt cardiaque, chaque minute compte.
« On a les appareils, mais on ne sait pas s’ils fonctionnent, ni même où ils se trouvent. »
🔒 Des appareils volés ou enfermés
Depuis plusieurs mois, des défibrillateurs sont régulièrement volés dans l’espace public, parfois revendus en ligne pour quelques centaines d’euros. On rappelle que ce type de vol est passible de 5ans d’emprisonnement et 75000€ d’amende car ce sont des appareils destinés à prodiguer des soins, en d’autres termes, sauver de vies. En réponse, certaines collectivités préfèrent les placer à l’intérieur des bâtiments, comme les mairies ou les salles des fêtes, les rendant inaccessibles en dehors des horaires d’ouverture. Une décision compréhensible, mais qui limite leur efficacité en cas d’urgence.
📍 Un recensement encore très incomplet
Alors qu’il est obligatoire pour les propriétaires d’établissements recevant du public (ERP) de déclarer les défibrillateurs sur la base nationale Géo’DAE depuis 2020, seuls 30% sont aujourd’hui recensés. Pire encore, moins de20 % sont disponibles 24h/24 et 7j/7. Résultat :même les secours ne peuvent pas toujours indiquer l’appareil le plus proche encas d’urgence.
Si vous savez où trouver des défibrillateurs en fonctionnement, n'hésitez pas à les recenser:
-->Staying Alive (iOS / Android): utilisée par le SAMU et de nombreuses associations. Elle permet de localiser et d’ajouter facilement un DAE.
-->Save Life (iOS / Android): Réseau de citoyens sauveteurs, interconnecté avec les services de secours. Intègre aussi une base de défibrillateurs.
-->Toussecours: Appli développée par des sapeurs-pompiers, avec possibilité d’indiquer un DAE.
-->Sites officiels / open data: En France, l’inventaire national est hébergé sur data.gouv.fr.
🧰 Une maintenance encore trop négligée
De nombreux exploitants ignorent qu’ils ont l’obligation de maintenir leurs défibrillateurs en état de fonctionnement. Contrairement aux extincteurs, aucune réglementation claire n’encadre la vérification régulière des DAE. Cette zone grise réglementaire explique en partie les taux élevés de défaillance relevés sur le terrain.
Une proposition de loi a été déposée parle député Laurent MAZAURY pour mettre en place une véritable politique de maintenance obligatoire, mais elle n’a toujours pas été examinée.

🧠 Des gestes qui sauvent encore trop méconnus
En France, environ 50 000 arrêts cardiaques ont lieu chaque année. Le taux de survie est très faible : moins de 10%sans intervention, mais il peut atteindre 70% avec une défibrillation immédiate.
Pourtant, la majorité des Français ne sont ni formés à reconnaître un arrêt cardiaque, ni capables d’effectuer les gestes de premiers secours. Malgré les promesses, aucune grande campagne nationale n’a encore vu le jour. Un constat alarmant : malgré la promesse faite dès 2017 d’atteindre 80 % de citoyens formés aux premiers secours, moins de 40 % de la population a, à ce jour, acquis ces compétences vitales.
« Avant de savoir utiliser un défibrillateur, il faut déjà savoir-faire un massage cardiaque. »
💡 Des solutions existent : la technologie au service de la vie
Face à cette réalité, certaines entreprises développent des solutions innovantes pour garantir la disponibilité et la fiabilité des DAE :
- Géolocalisation en temps réel pour détecter les vols et faciliter la récupération.
- Maintenance à distance grâce à des puces 4G et des autotests techniques réguliers.
- Télésurveillance pour vérifier quotidiennement l’état des appareils.
- Téléassistance en cas d’urgence pour guider les citoyens dans l’utilisation du DAE.
Ces avancées sont prometteuses, mais ne peuvent se substituer à une vraie politique de santé publique, un entretien rigoureux des appareils et une formation massive de la population.
